Irène Drésel
Son nom semble être une fabuleuse coïncidence, tant la femme recèle de la sirène. Il suffit de penser à la flopée de phrases incompréhensibles et quasi liturgiques sur laquelle se greffe petit à petit un beat techno dans les premiers instants de « Rita » pour sentir que la compositrice cherche à nous ensorceler. On apprend dans un entretien donné aux Inrockuptibles qu’il s’agit des paroles d’une prière en français, à l’attention de Sainte Rita, récitées à l’envers.
Dans un premier temps, Irène est approchée par le label InFiné, mais décide finalement d’autoproduire son EP Rita. En faisant partie des dix finalistes du prix Ricard S.A Live Music 2017, elle se fait repérer et a elle-même conscience de toucher un public plus large. Comme sources d’inspiration à son travail musical, la productrice cite One Tree Hill d’Extrawelt et Bedford de Bedzin ainsi que d’autres influences, comme la musique d’opéra avec La Callas ou la musique traditionnelle bangladaise. L’artiste qui est aussi plasticienne qualifie sa techno de « florale », et n’hésite pas à jouer sur des équilibres fragiles. Un fond de basses caverneuses, très indus’, accolées à des notes plus vivaces, pop, et légères. Sa musique fait le pont entre la dépersonnalisation de la techno sauce Detroit, largement diffusée dans les différentes soirées warehouse, et la sensualité de certaines compos électros. Le fond techno précède, rattrapé puis étouffé par une envolée électro plus lyrique et cristalline, qui s’épuise momentanément pour céder à nouveau la place à ce rythme saccadé et sec de la techno, qui ne s’arrête jamais vraiment. On retrouve là cette logique de boucle, toujours répétée, qui amène à certains états de transe.
Sur scène, c’est face à nous qu’elle se dresse, littéralement, cheveux tirés en arrière par le vent. Son look est venu d’ailleurs, mais ne fait penser en rien à tout ce qui peut se rapprocher de près ou de loin à la culture techno ; un mélange entre des bottes de cow-girl et le glam du disco, avec ses vidéos hypnotiques et charnelles de fleurs aux pétales qui s’ouvrent. Elle est accompagnée par deux musiciens, Ola Klebanska à la flûte à bec et Sizo Del Givry aux percussions. Avant de s’intéresser à la musique, c’était l’image qui la passionnait. Elle passe alors par les Beaux Arts et travaille sur la thématique des rêves, du sommeil, de la dichotomie entre corps et esprit, puis sur l’identité et l’émergence du corps dans l’espace. Irène Dresel est donc à considérer comme une artiste polyvalente, et son univers, à la croisée de plusieurs disciplines, n’en est que plus riche.