Cults
Une posture faussement ingénue, des mélodies acidulées pour un résultat bubblegum léger loin du roudoudou pernicieux qui colle aux dents, ou comment être pop au début du millénaire.
Ce n’est pourtant pas une énième chanteuse à frange dans une jolie robe 70’s de plus qui fait parler d’elle en 2010, n’en déplaise à Zooey Deschanel, mais la rencontre de deux sensibilités artistiques sur les bancs de la NYU option ciné, qui se complètent et se répondent. D’un côté une ancienne enfant mascotte qui fredonnait dès 10 ans des chansons de gin dans le groupe quasi punk de beau-papa, de l’autre une passion pour le psychédelisme surf rock. Comme Madeline Follin chante mieux que Brian Oblivion, c’est décidé : elle prendra le lead, il lui rendra la réplique.
Alors qu’ils balancent sans prévenir leurs 3 premiers titres sur la toile armé d’un nom peu Google-compatible (Cults 7”, 2010), leur indie pop ensoleillée, au son voilé, filtré, parasité tel une vieille bobine de Super 8 retrouvée dans un grenier poussiéreux séduit immédiatement la blogosphère musicale über-branchée, Pitchfork en tête. Être repéré sur bandcamp et se faire signer dans la foulée sur l’éphémère label de Lily Allen, elle-même en son temps repérée sur Myspace, voici qui témoigne de l’efficacité des petites ritournelles proposées sur leur premier album éponyme (Cults, 2011).
Le duo colle à la rétromania ambiante tout en imprimant sa marque en douceur. La nostalgie est revisitée, sans mièvrerie, dans une atmosphère éthérée où candeur de vierge suicidée et rock alternatif se tripotent sous la boule à facette d’un bal de promo aux baisers maladroits. Moins planant que Tame Impala, tout aussi ensoleillé que Best Coast ou Girls, mais surtout terriblement lo-fi, Cults signe des mélodies naïves aux paroles souvent sombres, véritables objets intemporels, frôlant parfois de près les airs Motown sans se laisser aller à la facilité des reprises.
En 2013, le couple à la ville se sépare mais livre un deuxième album, Static. Gagnant en puissance sur scène, Madeline, yeux clos et hanches qui marquent le rythme, continuera de chanter et Brian de lui répondre dans l’ombre, épaulé par les puissantes guitares, orgue électrique ou xylophone du tour band. 2017 signe leur grand retour avec Offering, LP aux changements stylistiques notables. Au son qui les a fait connaitre s’ajoutent à présent influences 80’s et claviers sirupeux. Culte de la nostalgie, pour toujours.