Public Service Broadcasting
J. Willgoose Esq, ancien producteur de BBC World Service ayant expérimenté le sampling avec tout ce qui passe -du bruitage de jeu vidéo à la série B, avant de se noyer dans les archives les plus institutionnelles qui soient- a d’abord écumé les pubs locaux pour tester ses compositions. Un EP encore tâtonnant (EP One, 2010) et une rencontre fortuite avec un batteur plus tard, la ligne de Public Service Broadcasting était fixée. C’est donc flottant entre archives sonores des années 1940, krautrock, synthés, post-rock et le chlore de la piscine londonienne où le multi-instrumentiste et le percussionniste se sont rencontrés, que le groupe émerge au début des années 2010.
Convoquant aussi bien KRAFTWERK, NEU! et CAN, que BRITISH SEA POWER, MOGWAI ou PRIMAL SCREAM, nos conteurs-explorateurs partent, bribes musicales en poche et thème précis bien en tête, s’aventurer dans les stocks vertigineux d’images et de sons du British Film Institute pour façonner des capsules temporelles hypnotiques. Un processus bien huilé, pourtant parfois bouleversé devant la force d’un phrasé, d’une voix, guidant alors entièrement la composition du morceau. En faisant appel à notre mémoire visuelle et auditive, PBS traverse le siècle dernier, choisissant avec soin les moments clés de notre patrimoine commun auxquels rendre hommage. Et cela fonctionne.
À leurs divagations cinématico-historiques autour de la Seconde Guerre Mondiale (The War Room EP, 2012), de l’ascension de l’Everest, l’arrivée de la télévision couleur et la mode (Inform – Educate – Entertain, 2013), ou de la course à l’espace (Sputnik/Korolev EP, puis The Race for Space, 2015) s’ajoutent, avec l’arrivée de JF Abraham à la basse, un hommage aux derniers jours de l’industrie minière galloise et ses luttes syndicales (Every Valley, 2017). Une densité de références sonores et visuelles -grâce au VJying inspiré de Mr. B. Willgoose- qui contraste avec la sobriété du groupe sur scène et entraîne le public dans une autre dimension temporelle pour la revisiter et la ressentir. Car ne pas connaître l’histoire c’est se condamner à la revivre… en boucle.